Le réseau qui fait la force de l’oncogériatrie
Deux cancers sur trois surviennent chez les personnes âgées de plus de 70 ans. La population âgée étant très hétérogène, le cancer du sujet âgé est plus complexe à prendre en charge.
C’est pourquoi le rapprochement de l’oncologie et de la gériatrie ainsi que la coordination étroite des professionnels de santé sur le territoire sont nécessaires.
Un réseau de professionnels précieux que le CHU de Reims anime en lien avec l’Institut Godinot, centre de lutte contre le cancer (CLCC) au sein d’une unité de coordination en oncogériatrie particulièrement active.
À l’initiative de l’Institut national du cancer (INCa), les unités de coordination en oncogériatrie (Ucog) ont été créées pour améliorer la qualité de prise en charge des personnes âgées atteintes de cancer.
L’Ucog Reims Champagne-Ardenne (Ucog CA) est née de l’implication conjointe du CHU de Reims et du CLCC Institut Godinot, une création nécessaire au vu de la démographie du territoire champardennais mais aussi en raison de la spécificité du CHU dont 70 % de la population hospitalisée a plus de 70 ans et qui dispose d’une offre médico-sociale importante avec plus de 900 lits et places d’Ehpad-USLD.
L’unité a pour principal objectif de promouvoir et d’implanter l’oncogériatrie dans l’ante région (qui regroupe quatre départements : la Marne, les Ardennes, l’Aube et la Haute-Marne) et l’Aisne en agissant dans quatre domaines.
La promotion
L’Ucog CA s’appuie sur une organisation territoriale de l’oncologie, le CHU de Reims et l’Institut Godinot apportant une expertise de recours aux établissements publics du territoire (Charleville-Mézières, Soissons, Troyes…).
Les praticiens qui y exercent en temps partagé assurent la promotion des bonnes pratiques en s’appuyant sur les supports de communication élaborés par l’Ucog, orientent les patients vers des évaluations gériatriques et favorisent l’accès à l’innovation pour toutes les populations quel que soit leur âge (accès dérogatoires et essais cliniques).
Enfin, l’unité a tissé de forts liens avec son écosystème, notamment le dispositif régional du cancer Grand-Est et les associations de patients.
Les traitements
Oncologues et gériatres décident conjointement des traitements. Les connaissances de ces deux spécialités mises en commun permettent de hiérarchiser les priorités dans l’organisation des soins.
Ce projet personnalisé de soins optimise les chances de guérison en limitant l’impact négatif des thérapeutiques, notamment sur la qualité de vie de ces patients âgés déjà fragilisés. Chaque département dispose d’un binôme assurant l’égal accès aux soins sur le territoire champardennais. Ils sont identifiables et connus de tous via un annuaire en ligne et forment un véritable réseau avec les médecins généralistes, les infirmiers libéraux, les pharmaciens et les kinésithérapeutes.
La formation
L’Ucog CA s’est fortement mobilisée autour de la formation des étudiants et des professionnels en poste.
L’unité a soutenu entre autres un MOOC national « Cancer chez les personnes âgées : mieux comprendre ses spécificités pour mieux prendre en soins » ; 92 % des professionnels de la région Grand-Est inscrits en première session étaient issus de Champagne-Ardenne, hissant l’Ucog CA à la 2e place au niveau national.
La recherche
Sous l’impulsion du Pr Mahmoudi, l’Ucog CA s’attache à contribuer au développement de la recherche en oncogériatrie. Elle participe à sept protocoles de recherche et assure la promotion de trois, dont l’étude AgElOn : « Fragmentation de l’élastine comme marqueur biologique de la fragilité et incidence dans la progression tumorale chez le sujet âgé atteint de cancer ».
L’objectif est d’identifier des marqueurs de fragilité chez le patient relevant de l’oncogériatrie, afin d’améliorer sa prise en charge en apportant au praticien des critères objectifs d’aide à la décision thérapeutique à travers des approches multidisciplinaires alliant la biologie, l’imagerie et les sciences humaines et sociales. Les données cliniques permettront d’identifier les paramètres gériatriques prédictifs d’évènements de santé péjoratifs (mortalité, chute, confusion, institutionnalisation…).
Au regard des spécificités de son territoire, le CHU de Reims a plus largement inscrit le vieillissement comme l’un des trois axes majeurs de sa stratégie de recherche clinique.